Charte de l’usager en santé mentale
CHARTE DE L’USAGER EN SANTE MENTALE
Une personne à part entière.
L’usager en santé mentale est une personne qui doit être traitée avec le respect et la sollicitude dues à la dignité de la personne humaine.
C’est une personne qui a le droit au respect de son intimité (effets personnels, courrier, soins, toilette, espace personnel, etc.), de sa vie privée, ainsi qu’à la confidentialité des informations personnelles, médicales et sociales la concernant.
Le secret professionnel lui est garanti par des moyens mis en œuvre à cet effet.
Tout ce que le malade a dit au psychiatre et tout ce que celui-ci a remarqué pendant son examen ou le traitement, doit être couvert par le secret, à moins qu’il apparaisse nécessaire de rompre le secret pour éviter des dommages graves au malade lui-même ou à des tiers. Dans ce cas toutefois, le malade doit être informé de la rupture du secret.
C’est une personne qui ne doit pas être infantilisée ou considérée comme handicapée physique ou mentale.
C’est une personne dont on doit respecter les croyances et qui peut faire appel au ministre du culte de son choix.
Une personne qui souffre.
L’usager en santé mentale est une personne qui ne se réduit pas à une maladie, mais souffre d’une maladie.
Cette maladie n’est pas une maladie honteuse mais une maladie qui se soigne et se vit.
La prise en compte de la dimension douloureuse, physique et psychologique des usagers en santé mentale doit être une préoccupation constante de tous les intervenants.
Le psychiatre doit proposer aux usagers la meilleure thérapeutique existant à sa connaissance.
Les professionnels de santé mentale doivent travailler en réseau afin d’échanger les informations utiles concernant l’usager et d’optimiser ainsi la prise en charge médicale et sociale. Sera notamment assurée une bonne coordination psychiatre-médecin généraliste (le lien psychiatre-médecin de famille est en effet l’un des maillons essentiels d’une prise en charge de qualité au plus près du lieu de vie du patient). Ce nécessaire travail en réseau doit être particulièrement vigilant au respect du secret professionnel.
Compte-tenu des liens organiques entre sanitaire et social dans le domaine de la santé mentale, les projets élaborés au bénéfice des usagers ne doivent pas pâtir de divisions artificielles des champs d’intervention.
L’accessibilité aux soins doit être assurée et l’usager doit être accueilli chaleureusement dans les délais raisonnables et dans les locaux aménagés pour son bien-être.
En cas d’hospitalisation, l’usager dispose de ses effets personnels durant son séjour sauf si des raisons de sécurité s’y opposent.
Il doit lui être remis un livret d’accueil exposant les informations pratiques concernant son séjour et le lieu de son hospitalisation et l’informant de ses droits et de ses devoirs.
Les communications téléphoniques, les visites et les sorties dans l’enceinte de l’établissement feront l’objet d’un contrat qui sera discuté régulièrement entre le patient et le médecin, et devront se faire dans le respect de l’intimité des autres patients.
Une attention particulière sera accordée à l’organisation de soins de qualité lorsqu’ils sont nécessaires après une hospitalisation.
Une personne informée de façon adaptée, claire et loyale.
L’usager a le droit au libre choix de son praticien et de son établissement, principe fondamental dans notre législation sanitaire de libre engagement réciproque dans une relation contractuelle, hors le cas d’urgence et celui où le médecin manquerait à ses devoirs d’humanité (Article L.1111-1 du code de la santé publique et Article 47 du code de déontologie médicale).
Il est informé de la fonction, de l’identité des personnes intervenant auprès de lui et de l’organisation du dispositif de soins (structures du secteur et intersectorielles, etc.).
Toute personne peut avoir accès aux informations contenues dans ses dossiers médical et administratif, selon les modalités définies par la loi.
Le secret médical ne peut s’exercer à l’égard du patient ; le médecin doit donner une information simple, loyale, intelligible et accessible sur l’état de santé, les soins proposés (notamment sur les effets dits « secondaires » du traitement appliqué) et sur les éventuelles alternatives thérapeutiques. Hors situation d’urgence, tout usager peut estimer ne pas être suffisamment informé, souhaiter un délai de réflexion ou l’obtention d’un autre avis médical.
Préalablement à la recherche biomédicale, son consentement libre, éclairé et exprès doit être recueilli dans le strict respect de la loi.
Les patients donnent leur consentement préalable s’ils sont amenés à faire l’objet d’actions de formation (initiale et continue) du personnel soignant. Il ne peut être passé outre à un refus du patient.
Les mineurs sont informés en fonction de leur âge et de leurs facultés de compréhension dans la mesure du possible et indépendamment de l’indispensable information de leurs représentants légaux.
Avec l’accord préalable du patient si son état de santé le permet, et si possible en présence de celui-ci, les proches doivent pouvoir disposer d’un temps suffisant pour avoir un dialogue avec le médecin responsable et les soignants.
L’usager a la possibilité de rencontrer une assistante sociale.
Si une hospitalisation s’avère nécessaire, les patients reçoivent aussitôt une information claire et adaptée sur les modalités de cette hospitalisation et les voies de recours. Cette information qui risque d’être mal comprise en raison de la gravité du tableau clinique initial, sera reprise ultérieurement autant que nécessaire.
L’usager reçoit une information claire, compréhensible et adaptée sur les conditions d’accueil et de séjour.
Une personne qui participe activement aux décisions la concernant.
La participation active de l’usager à toute décision le concernant doit toujours être sollicitée en le resituant au centre de la démarche de soins dans un processus continu d’adhésion.
Hors les cas d’hospitalisation sous contrainte définis par la loi, un patient hospitalisé peut, à tout moment, quitter l’établissement après avoir été informé des risques possibles pour son état et après avoir signé une décharge.
Aucune démarche ne doit être engagée et aucun traitement ne doit être donné contre ou sans sa volonté, à moins que, en raison de sa maladie mentale, il ne puisse porter un jugement sur ce qui est son intérêt, ou à moins que l’absence de traitement puisse avoir des conséquences graves pour lui ou pour des tiers.
Le patient ne peut être retenu dans l’établissement, hormis les cas de la législation où son état nécessite des soins sans son consentement. Il doit alors être informé de sa situation juridique et de ses droits.
Compte-tenu des enjeux liant (particulièrement en santé mentale) efficacité et adhésion au traitement, même dans ce cas où son état nécessite des soins sans son consentement, sera néanmoins toujours recherché le plus haut degré d’information et de participation à tout ce qui le concerne dans ses soins ou sa vie quotidienne.
Toutefois, la construction d’une véritable alliance thérapeutique ne peut être confondue avec une simple transparence réciproque.
Dès que disparaissent les circonstances qui ont rendu nécessaire l’hospitalisation de l’usager contre sa volonté, le psychiatre doit interrompre les mesures appliquées contre cette volonté.
Le mineur ne pouvant prendre de décisions graves le concernant, il revient aux détenteurs de l’autorité parentale d’exprimer leur consentement. Toutefois, lorsque la santé d’un mineur risque d’être compromise par le refus du représentant légal ou l’impossibilité de recueillir le consentement de celui-ci, le praticien peut saisir le Procureur de la République afin de, pouvoir donner les soins qui s’imposent. On sera néanmoins attentif à ce que ces mesures ne puissent en aucun cas être prolongées au-delà de ce qui est médicalement indiqué. Si l’avis du mineur peut être recueilli, le médecin doit en tenir compte dans toute la mesure du possible.
Le médecin doit tenir compte de l’avis de l’incapable majeur de ses représentants légaux.
Une personne responsable qui peut s’estimer lésée.
Indépendamment d’observations exprimées dans le cadre de questionnaires évaluatifs de satisfaction (remis avec le livret d’accueil à chaque patient), l’usager ou ses ayants droit peuvent faire part directement au directeur de l’établissement de leurs avis, de leurs vœux ou de leurs doléances.
S’ils souhaitent se plaindre d’un dysfonctionnement ou s’ils estiment avoir subi un préjudice, ils peuvent saisir le directeur de l’hôpital, les commissions départementales des hospitalisations psychiatriques, les commissions locales de conciliation chargées de les assister et de les orienter en leur indiquant les voies de conciliation et de recours dont ils disposent (dans des délais suffisamment rapides pour ne pas les pénaliser).
Une personne dont l’environnement socio-familial et professionnel est pris en compte.
Les actions menées auprès des usagers veillent à s’inscrire dans une politique visant à véhiculer une image moins dévalorisante de la maladie mentale afin de favoriser leur insertion en milieu socioprofessionnel où ils sont encore trop souvent victimes de discrimination.
Les équipes soignantes ont le souci tout au long du traitement, de mobiliser le patient de façon positive autour, de ses capacités, connaissances, savoir-faire pour les exploiter afin qu’il puisse se reconstruire en favorisant une réinsertion sociale par paliers. Chaque étape sera discutée avec le patient, pour respecter ainsi le rythme de chacun.
Dans le strict respect de l’accord du patient, la famille peut être associée au projet thérapeutique, informée de la maladie afin d’adopter l’attitude la plus juste et être soutenue dans ses difficultés.
Une personne qui sort de son isolement.
Le patient doit recevoir une information sur les associations d’usagers qu’il peut contacter, et qui ont pour fonction de créer une chaîne de solidarité ; lieux d’informations, d’écoute, de rencontre, d’échange, de convivialité et de réconfort, qui pourront l’aider à tisser des liens sociaux en bonne coordination avec les professionnels des champs sanitaire et social.
Une personne citoyenne, actrice à part entière de la politique de santé, et dont la parole influence l’évolution des dispositifs de soins et de prévention.
La satisfaction de l’usager en santé mentale doit être régulièrement évaluée par des enquêtes portant notamment sur les conditions d’accueil et de séjour, enquêtes qui servent de base à l’amélioration de la qualité de l’information et des soins.
Dans le cadre d’un dialogue dont le développement s’avère particulièrement fécond, les usagers apportent à travers leur expérience, leur contribution à la réflexion et aux décisions des instances concernant la santé mentale, par leur participation active à chacun des niveaux de leur élaboration :
- Niveau local : (Conseil d’administration, Commission de conciliation, C.L.I.N., C.D.H.P., Conseil de secteur, groupes de travail notamment ceux en lien avec la démarche qualité et l’accréditation des établissements, etc.)
- Niveau régional : (Conférence régionale de santé, S.R.O.S.S. et Carte sanitaire, groupes de travail mis en place par l’A.R.H. et la D.R.A.S.S., etc.)
- Niveau national : (Conférence nationale de santé, etc.)
Dans une démarche d’amélioration constante de la qualité de l’information, de l’accueil, des soins et de la prévention, les professionnels facilitent les conditions de la mise en place de la représentation des usagers, en soutenant leurs initiatives de création d’associations qui leur permettent de sortir de leur isolement et d’exprimer leurs besoins, avis et propositions aux personnels et aux décideurs du système de santé. Dans la marche vivifiante d’une véritable démocratie sanitaire, les usagers en santé mentale apportent ainsi par leur participation active et avertie, une contribution citoyenne décisive pour une évolution positive à visage humain des dispositifs de soins et de prévention de notre pays.
Cette charte a été signée à Paris le 8 décembre 2000 en présence de :
Mme Dominique GILLOT : Secrétaire d’Etat à la Santé et aux Handicapés
Mme Claude FINKELSTEIN : Présidente de la F.N.A.P. Psy
- le Docteur Alain PIDOLLE : Président de la conférence
- Jacques LOMBARD : Président d’honneur de la F.N.A.P. Psy
- le Docteur Yvan HALIMI : Vice-Président de la conférence (relations avec les usagers et les familles)
F.N.A.P. Psy -24 Rue de Maubeuge – 75009 Paris
Conférence des Présidents de C.M.E. de C.H.S. – Clinique de psychologie médicale – 57370 PHALSBOURG